« DE SIMPLES CORRECTIFS ONT AMÉLIORÉ LA PERFORMANCE»
Au Gaec Girard-Clerc, quelques aménagements ont permis de résoudre un problème de lésions mécaniques des pieds. Reste à travailler sur la ventilation pour contenir les maladies infectieuses.
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A L'ENTRÉE DU TROUPEAU MONTBÉLIARD dans la nouvelle stabulation au printemps 2009, les conditions de logement semblaient idéales pour que les animaux expriment pleinement leur potentiel, le souci du confort au niveau des équipements devant permettre de répondre à un objectif de productivité laitière élevée. Le choix des six associés du Gaec Girard-Clerc s'est donc porté sur un bâtiment à ossature bois, avec bardage ajouré, et logettes sur caillebotis. Les 192 logettes sont équipées de matelas épais (Animat, de marque Deru) recevant une litière de sciure. Les caillebotis, dans les allées comme dans le couloir d'alimentation, sont recouverts d'un tapis en caoutchouc et sont curés par un robot racleur à chaque heure de la journée. Les vaches taries et les grandes génisses sont, quant à elles, élevées dans un bâtiment sur aire paillée, avec couloir d'alimentation en béton. « Dès la conception du bâtiment, nous avons eu l'idée des matelas et des tapis pour sécuriser la santé des pieds des vaches, dans une logique d'abandon de l'aire paillée et du pâturage, explique François-Xavier Girard. Par rapport aux conditions d'élevage antérieures, nous avons pourtant rapidement constaté une dégradation de la santé des pattes et l'apparition de boiteuses, surtout chez les primipares. »
« UN TAPIS ET UNE CONDUITE EN LOTS POUR PRÉVENIR LES LÉSIONS »
Conscients que cette situation est de nature à pénaliser les performances du troupeau, les associés sollicitent l'intervention d'Yves Debeauvais, vétérinaire en Haute-Savoie et spécialiste des boiteries. Il s'avère alors que le confort offert par les tapis masque une réalité plus douloureuse. En effet, le parage-diagnostic d'un échantillon d'animaux révèle des déformations et des lésions parfois sévères de la boîte cornée : comblement de la sole et ouverture de lignes blanches. L'espace de traite est rapidement mis en cause. Il se compose d'un roto de traite extérieur de 20 postes et d'une aire d'attente sur caillebotis sans tapis, équipée d'un chien électrique un peu trop brutal. En fin de traite, les vaches sortent du roto en marche arrière, puis elles pivotent avant de repartir en marche avant sur une surface très rugueuse, conçue en béton désactivé pour éviter les glissades. Les stations prolongées sur le caillebotis et les mouvements de torsion sur ce béton désactivé sont autant d'éléments favorables à l'apparition des lésions. « Les soles se comblent, voire s'hypertrophient, dès qu'une partie, même réduite, des déplacements ou des stations s'effectuent sur un sol dur, commente le spécialiste. La sole plus ou moins comblée peut alors se trouver grippée au sol où les mouvements brusques de torsion du pied provoquent des déchirures de ligne blanche. Elles sont d'autant plus critiques que les efforts sont mal répartis sur des pieds déformés par l'absence de parage. » Pour soulager les pieds, les éleveurs installent donc quelques mètres carrés de tapis en caoutchouc en sortie de roto. Sur les conseils du praticien, ils instaurent une conduite en lots avec, d'une part, les primipares et les jeunes vaches et, d'autre part, les vaches adultes. Cela limite l'attente en salle de traite et les bousculades liées à la mise en place de la hiérarchie. « Ce sont des modifications peu coûteuses qui ont permis en grande partie de régler les problèmes d'ouverture de ligne blanche, souligne Jean-Baptiste Girard. Parallèlement, nous avons systématisé le parage fonctionnel au moment du tarissement. »
« LES VENTILATEURS EXIGENT UNE ENTRÉE D'AIR SUFFISANTE »
En dépit de ces adaptations, certaines vaches requièrent encore trois à quatre interventions par an du pédicure. Car malheureusement, les maladies infectieuses ont pris le relais : dermatite digitée, fourchet et panaris. L'hygiène ne saurait être mise en cause, tant la propreté des installations saute aux yeux. Mais les caillebotis et le défaut de ventilation dans ce bâtiment fermé assurent le maintien d'une pellicule d'humidité de surface où se développent les microbes responsables de ces infections. Un défaut de ventilation confirmé par le test du fumigène, mais aussi, en ce début d'été 2015, par la chaleur qui règne sous la stabulation et dont témoigne la respiration haletante des animaux. « La prévention des lésions et le protocole de traitement mis en oeuvre au Gaec sont assez efficaces (voir encadré p. 51). Ils permettent de tenir en respect la dermatite digitée, mais tant que les problèmes de ventilation ne seront pas réglés pour assécher les pieds au niveau des caillebotis, le fourchet sera présent, car il est causé par des microbes normalement présents dans l'environnement », explique Yves Debeauvais. Les associés ont pris la mesure du problème, mais semblent hésiter à ôter le bardage sur un pan du bâtiment. Ils privilégient l'installation de ventilateurs. Le praticien rappelle cependant que « la condition d'efficacité du ventilateur est d'avoir une entrée d'air suffisante ».
« NOUS ALLONS CHANGER L'ARRÊTOIR BAS ET RELEVER LA BARRE AU GARROT »
Si le profil des boiteries est désormais plutôt infectieux, les primipares sont aussi sujettes à des phénomènes de congestion ou de comblement de la sole et de limaces. Le passage de l'aire paillée aux logettes est en effet une étape difficile. C'est pourquoi le praticien insiste sur le besoin de parage fonctionnel de ces animaux avant la mise-bas. « Plus qu'un simple parage, les interventionsd'Yves Debeauvais nous ont permis de progresser, analyse François-
Xavier Girard. Même si le gain de production est difficile à chiffrer, il est certain que le travail réalisé participe aux performances du troupeau. » Depuis l'installation dans les nouveaux bâtiments et la modification du système d'alimentation, la production journalière a en effet progressé de près de 5 kg par vache laitière, pour atteindre 34 kg sur la base d'une ration complète composée de 27 kg bruts de maïs, 2 kg de foin, 1 kg de foin de luzerne, 5 à 6 kg d'ensilage de luzerne, 6 kg de drèches, 3,5 kg de maïs grain humide, 3 kg de tourteaux soja-colza et 2 kg de mash. Et le praticien en est sûr : le troupeau a le potentiel génétique pour faire mieux à travers une amélioration du temps de couchage. Les congestions de la sole chez les génisses et le grand nombre de lésions aux jarrets indiquent en effet un mauvais réglage des logettes. Ici, il s'agit d'une barre au garrot trop basse (voir photo) et de l'absence d'arrêtoir au sol. La barre au garrot vient donc d'être rehaussée de 12 cm et des rondins en bois étroits seront prochainement installés en guise d'arrêtoir au sol.
Un défaut de ventilation. Propre, spacieuse et confortable, la stabulation, fermée par un bardage ajouré, présente un défaut de ventilation favorisant le développement des maladies infectieuses du pied.
Un béton trop agressif en sortie de roto. Le béton désactivé conçu pour éviter les glissades s'est avéré trop agressif pour les pieds des vaches qui, en sortie de roto, doivent faire un demi-tour en pivotant sur leurs membres postérieurs. Un tapis en caoutchouc a donc été installé dans l'aire de sortie.
La barre au garrot est trop basse ! La position tête basse de la vache indique que la barre au garrot est trop basse pour son gabarit. Elle est fixée à 1,07 m, là où la norme est de 1,20 à 1,25 m. En outre, la sangle distendue qui fait office d'arrêtoir bas est inefficace : les vaches ont donc tendance à trop s'avancer dans la logette et font ensuite des mouvements anormaux pour pouvoir se relever. Heureusement, le confort des matelas sauve la situation.
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